Restauration de l’église de Lavenay

Suite à une donation privée pour l’entretien de plusieurs églises de son territoire, la commune nouvelle de Loir-en-Vallée, a programmé une étude diagnostic pour la restauration de l’église, confiée à une architecte du patrimoine et une étude des peintures confiée à Véronique Legoux, restauratrice de peinture murale.

Cette présentation a été faite entièrement grâce aux documents de Mme Rama et Mme Legoux.

  • 2 études pour Lavenay réalisées depuis le début de l’année :
    • Diagnostique général du bâtiment par Martine Rama architecte du patrimoine ayant réalisée la restauration de l’église de Poncé
    • Les peintures par Véronique Legoux ayant réalisée les restaurations des peintures de l’église de Poncé

Historique de l’église

Si une église paroissiale est mentionnée dans les sources dès la première moitié du XIIIe siècle, la construction de l’église actuelle daterait seulement de la fin de la période médiévale, probablement de la deuxième moitié du XVe siècle. Il s’agit sans doute d’une reconstruction quasi totale.

L’église Saint-Julien et Saint-Pierre de Lavenay se compose d’une nef unique et d’un chevet plat modifié au XIXe siècle.

Elle est flanquée, au nord, d’une chapelle seigneuriale et, au sud, d’une sacristie toutes deux ajoutées au début du XIXe siècle.

La nef est surmontée d’un clocher en son centre. Les couvertures sont en ardoises.

Etat de l’église

Ayant subi peu de remaniements, elle a conservé une certaine homogénéité et surtout des décors muraux des XVe et XVIe siècles particulièrement remarquables. C’est au regard de la qualité de ces décors que l’église a été inscrite au titre des monuments historiques le 3 juillet 2020.

La toiture et la charpente de l’église sont refaits en 1926. Puis en juin 1944, un bombardement sur la gare de Pont-de-Braye endommage le


clocher et provoque l’effondrement des parties hautes du chœur. Ce dernier est reconstruit en1946 (la date est gravée sur le mur pignon).

En 1953 des vestiges de décors peints sont découverts sous plusieurs couches de badigeon par Jacques Pécha (curé de Poncé-sur-le-Loir) qui entame leur dégagement en plusieurs points de la nef. Nous y reviendrons tout à l’heure.

L’église ne présente pas de désordres structurels majeurs. Les principales altérations constatées concernent essentiellement le clos-couvert : les couvertures, les charpentes, les maçonneries, les parements en pierre de taille et les vitraux. Les intérieurs sont en bon état hormis la chapelle nord qui souffre d’un problème d’humidité L’état sanitaire des extérieurs de l’église de Lavenay est très mitigé et résulte d’un défaut d’entretien.

Les décors déjà mis au jour ne présentent pas de désordre particulier et leur état sanitaire semble stable.

Diagnostique

L’église doit faire l’objet d’une restauration générale de son clos- afin de garantir sa pérennité, de conserver un bon état de ses intérieurs et surtout de préserver les remarquables vestiges de décors peints des parements de la nef.

Travaux projetés

Couvertures

Les couvertures de la nef et du chœur, vétustes, doivent être remplacées. L’ensemble est pollué par des microorganismes, notamment et surtout par des lichens. La qualité de l’édifice appelle une réfection selon une mise en œuvre traditionnelle. Concernant la couverture de la chapelle nord, même si cette dernière est en meilleur état que la nef et le chœur, Mme Rama préconise de la remplacer car son rôle d’étanchéité n’est pas garanti et les ardoises fines en place sont de médiocre qualité.

Faîtage

Compte tenu de leur vétusté, le faîtage en terre cuite sera entièrement refait de manière traditionnelle. Les faîtages en zinc seront remplacés par un faîtage en terre cuite afin de retrouver une cohérence et une harmonie des toitures.


Le traitement des égouts n’est pas digne d’un édifice protégé au titre des monuments historiques. Les gouttières et descentes d’eaux pluviales en zinc, vétustes, peu qualitatives pour un monument inscrit ou sous-dimensionnées, seront remplacées par des ouvrages en cuivre adaptés.

Mme Rama attire l’attention sur l’augmentation de la fréquence des épisodes orageux dans nos régions. Ces derniers entraînent de fortes pluies sur de courtes durées et nécessitent des débits d’évacuation conséquents.

Concernant le clocher, l’ardoise de faible qualité nous incite à proposer un remplacement intégral. Cela serait également l’occasion de remettre en place les outeaux, disparus en partie après la guerre, qui caractérisaient le fût. Il est proposé sa réfection totale avec une ardoise de bonne qualité. Cette couverture devra, dans tous les cas, être déposée pour permettre la restauration de la charpente.

Le clocher ne dispose pas de protection contre la foudre ce qui pourrait être dommageable pour l’édifice et ses abords.

Aucun désordre majeur n’affecte les charpentes de l’église ; cependant, les parties découvertes et non encore visitées dans le cadre de cette étude seront inspectées pendant le chantier et une provision de remplacement de bois est prévue.

De manière générale, les travaux de charpente intégreront un nettoyage général des combles. Les bois et maçonneries d’arases, couverts de déjections seront également nettoyés à cette occasion.

Les chevrons de rive de la chapelle seigneuriale au nord et ceux du chevet à l’ouest seront restaurés.

Maçonneries et parements en pierre de taille

Les maçonneries de l’église doivent être assainies. Les enduits au mortier qui recouvrent les soubassements seront purgés et remplacés par un enduit traditionnel de sable et de chaux pour un meilleur assainissement des pieds de murs.
Il n’est pas prévu de nettoyage abrasif. Le rejointoiement se fera afin de combler les lacunes des parties lavées ou creusées.
Les pierres du pignon oriental seront traitées avec un badigeon de chaux.

Les protections en ardoises seront supprimées sur les contreforts afin de retrouver l’aspect originel des ouvrages, les têtes des glacis seront restaurées.

La litre funéraire extérieure est encore bien conservée et ses contours sont très lisibles sur l’ensemble des façades datant du XVe siècle. Les zones d’enduit lacunaires seront reprises en raccord avec l’existant.

Vitraux

Les vitraux de la façade sud, particulièrement vétustes et dégradés, nécessitent d’être intégralement remplacés (réseau de plomb et verres). Le vitrail de la façade ouest avant la Seconde Guerre mondiale était à motifs géométriques stylisés du XIXe siècle.
Sans rechercher à refaire ces motifs, nous proposons la mise en place de vitraux à verres losangés colorés panachés à 5 ou 6 teintes avec des bordures simples.

En effet, les verres translucides blancs ne permettent pas de mettre en valeur les espaces qui étaient autrefois tous animés par des verrières colorées qui traduisaient ainsi la lumière divine.
En façade nord, les verrières seront nettoyées aux deux faces afin d’éliminer les dépôts de poussière. Les armatures seront protégées contre la corrosion par un décapage et une peinture. En façade occidentale, le panneau bas du vitrail déformé ne peut être laissé en l’état ; il sera restauré en atelier.
Enfin, seule la baie de la chapelle nord possède une protection grillagée. Cette dernière, constituée de tubes en cuivre et d’une maille à simple torsion est de bonne facture (elle a été refaite en 2021).

Nous préconisons la mise en place de protections sur tous les vitraux.
Enfin, nous proposons également la mise en place « d’appuis drainants » en parties basses des vitraux (bavette en plomb récupérant les eaux de condensation en face intérieure et réservant une lame d’air).

Le mobilier

Le mobilier de l’église est en bon état (confessionnal, bancs). Les désordres notables concernent les lambris du chœur dont quelques panneaux sont désolidarisés des cadres.

Dans la nef, le retable de la Vierge est dégradé en partie basse : des pierres de l’autel sont cassées, l’enduit est fissuré et la peinture se décolle localement. Le retable de saint Pierre est en meilleur état, seul le décor peint est érodé sur les parties moulurées.

Le maître-autel est en bon état hormis la peinture qui est craquelée sur toutes ses faces.

Les deux retables de la nef dédiés à la Vierge et à saint Pierre seront restaurés afin d’améliorer leur présentation (réparation et reprise des décors peints). La finition peinte du maître-autel du chœur sera également restaurée.

Les panneaux des lambris du chœur seront intégralement restaurés (dépose, vérification et remplacement des éléments dégradés avant remontage et mise en cire de finition). Pour les bancs d’œuvre et la clôture bois de la chapelle nord nous proposons une simple vérification des pièces de bois et une remise en cire.

Les meubles de la sacristie seront remis en peinture et les menuiseries extérieures (portes de l’entrée principale de la nef, porte de la chapelle nord et porte du chœur) seront révisées et remise en peinture.

Les abords de l’église

Concernant le système d’évacuation des eaux pluviales, l’église est en partie raccordée à un réseau enterré (façades est et sud). Cependant, on observe que les maçonneries des pieds de mur de la façade sud sont lavées par les eaux : l’enduit est tombé et les moellons sont déjointoyés. La pente de la chaussée doit rabattre des eaux vers la façade. La rampe PMR augmente probablement les écoulements d’eau de pluie vers cette zone.


Nous proposons de remplacer le massif planté au pied de la façade sud par des gravillons et de créer une bande de gravillon sur la partie la plus à l’ouest de sorte que l’ensemble du mur gouttereau sud de la nef soit assaini.

Au nord, le flux d’écoulement des eaux pluviales est certainement conséquent en raison de la pente du talus planté. Les eaux sont évacuées de manière aérienne par un caniveau en béton qui court le long de la chapelle seigneuriale et du mur de la nef ; l’ensemble se déverse dans une grille avaloir encombrée de déchets. Ce dispositif facilite les rejaillissements sur les maçonneries et entretient un milieu humide, donc malsain, pour les pieds de mur.

Afin d’assainir la partie nord de l’église, le fil d’eau en béton devra être supprimé et les descentes d’eaux pluviales reliées au réseau enterré existant de la ville. Il faut réaménager le talus planté afin de limiter l’humidité dans cette zone.

Dans le même registre, on peut regretter que les sanitaires publics aient été accolés à la chapelle seigneuriale au nord-est de l’édifice.

Programme de travaux

Le programme est prévu en deux phases :

• Phase 1 : Restauration du clos-couvert de la nef et du clocher et aménagements extérieurs

• Phase 2 : Restauration du clos-couvert du chevet, de la chapelle nord, de la sacristie et des intérieurs

Il est nécessaire que les travaux de clos-couvert soient réalisés avant toute opération de dégagement et de restauration des décors peints afin de garantir leur préservation.